Archives mensuelles : avril 2008

Euromayday: le 1er mai, les précaires « rencontrent » Sarkozy et Merkel

Euromayday est une rencontre annuelle  de précaires dans toute l’Europe. Une quinzaine de villes sont concernées.

Le centre de l’action se passera à Aachen (Aix la Chapelle). Les manifestants de l’Euromayday seront dans la ville où Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se rencontreront. Mme Merkel doit recevoir le Prix Charlemagne en présence de l’omniprésident.

(plus d’infos sur le site belge alter echos)

A lire aussi, un communiqué sur Indymedia Grenoble.

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Vélib’ peut-être, mais précaire

Un article de Marianne  où un ancien employé de J.C Decaux et de sa filière Cyclocity lance une fronde contre la direction. Ses reproches: un manque de sécurité et des salaires trop bas. Lire la suite

La précarité rend mystique (ou l’inverse?) (3)

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Ce billet est le dernier d’une série de trois. Il part d’une question simple: pourquoi Nicolas Sarkozy veut-il à tout prix  instrumentaliser la religion? La question doit être prise au sérieux. (Le billet premier est ici et le deuxième là)

Quand on parle de mystique, on pense forcément à Nicolas Sarkozy. La religion, il en parle sans arrêt. Je pense qu’il faut le prendre au sérieux sur ce sujet.

Pourquoi Nicolas Sarkozy met-il la religion à toutes les sauces? Pourquoi a-t-il écrit deux livres* sur la religion? Pourquoi a-t-il créé le conseil du culte musulman? Pourquoi s’est-il fait filmer de nombreuses fois en compagnies de rabbins? Pourquoi a-t-il baisé la main du pape et prononcé son discours de Latran?

Opium du peuple pour les banlieues

Avonçons une explication relativement simple et classique. Pour lui, la religion doit remplir son rôle d’opium du peuple. Il l’a dit à plusieurs reprises.

Ainsi, dans les banlieues, les religieux pourront suppléer au manque d’assistantes sociales. Avec, en plus, ce « supplément d’âme » du religieux. Cette fameuse supériorité du curé sur l’instituteur, énoncée par le chef de l’Etat dans un curieux discours.

De tels discours confortent les religieux. C’est un feu vert pour une contre-offensive de ces conservateurs. Les militants anti IVG, anti gay, par exemple, peuvent espérer être mieux entendu. Régression assurée.

L’économie mondialisée fait des victimes. Pour ces « déchets » de la société capitaliste, comme les désigne, pour dénoncer leur situation, le sociologue Zygmunt Bauman, il ne reste plus qu’à se trouver un dieu, une religion ou une drogue pour oublier. C’est, du moins, le point de vue des conservateurs, auxquels Sarkozy emprunte l’idéologie, comme l’avait remarquablement démontré Serge Halimi.

Mystique de mauvais aloi

La mystique de mauvaise aloi, ce sont aussi les sectes. Ne pas sous estimer le sujet, ne pas l’occulter non plus. Dans le domaine, Nicolas Sarkozy a toujours été très ambigu: pas de condamnation ferme des sectes. Un laisser faire très libéral.

On peut lire à ce sujet ce rapport, publié en 2004. Il émane de la Miviludes, organisme chargé de lutter contre les dérives sectaires.

Ce qui me paraît intéressant dans ce document, c’est l’analyse des doctrines qui soutendent l’ultra-libéralisme. La religion y joue un rôle de consolation, d’opium du peuple.

L’auteur écrit notamment: « Un faisceau de présomptions tend à montrer que le Pouvoir institué au sommet par les élections législatives et présidentielles de 2002 essaie d’instrumenter les religions, les sectes et la nébuleuse New Age »

Sans chercher à voir des complots là où il n’y en a pas, il faudrait être aveugle pour ne pas, tout simplement, s’interroger sur le rôle joué par les religions dans l’action politique de la droite, et notamment de Nicolas Sarkozy.

Communication et injonctions paradoxales

Autre point intéressant de la stratégie de communication de Nicolas Sarkozy (et de la droite depuis 2002): les injonctions paradoxales, le recours au double discours, comme je l’avais déjà évoqué.

« Le recours au double message contradictoire et aux injonctions paradoxales, l’usage du double bind, semble apparaître comme une technique de communication politique du gouvernement actuel. »

L’exemple le plus frappant de cette politique du double discours, c’est d’un côté on fait un Grenelle de l’Environnement et de l’autre le rapport Attali.

Novlangue officielle

L’analyse de Laurent Fabius me paraît pertinente: « Ce qui me frappe aussi, c’est la novlangue officielle, cette communication érigée en propagande.  » (24 novembre 2007)

Ainsi, si Nicolas Sarkozy essaie de modifier la loi de 1905 sur la laïcité (comme il en a plusieurs fois exprimé le souhait), dirons-nous que ça n’a aucune importance?

* Son premier livre, sur Mendel, et son livre sur la religion et la république

La précarité rend mystique (ou l’inverse?) (2)

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(billet publié sur crise dans les medias)

Ce billet est le deuxième d’une série de trois. Il part d’une interrogation sur une époque que je n’ai pas connue: Mai 68. Une aspiration à vivre autrement se faisait jour. Une forme de mystique. Et puis s’est produit un « coup de barre à droite »: le patronat a réagi. Comme par miracle est apparu le chômage de masse. Mais aujourd’hui que reste-t-il de ces aspirations nos réalisées? (Le billet premier est ici).

Dans le précédent billet, nous avons vu que la précarité pouvait rendre mystique. Mais l’inverse est peut-être vrai. Le mysticisme ne nous aurait-il pas conduit à la société de précarité?

Pendant les années 60, les pays industrialisés connaissaient le plein emploi. La mystique n’avait donc pas sa place. L’activité et le matérialisme battaient leur plein.

Il faut croire que les esprits eurent envie d’autre chose. On a vu ce que ça a donné: en France, Mai 68. La liberté et l’imagination au pouvoir.

La révolte prit un caractère spirituel très marqué. Dans les champs du Larzac ou les rues de Paris, cela prit des formes très variées. Les personnes de moins de 30 ans jugent sans doute ridicules ces manifestations convenues de mysticisme un peu frelaté.

Le patronat a vite réagi. Puisque les salariés rêvaient de liberté, on allait leur en offrir. De l’autonomie en veux-tu en voilà. De l’empowerment pour tout le monde. Chacun son projet et dieu (et le marché) reconnaitra les siens.

C’est ainsi que la mystique a créé la précarité.

La précarité rend mystique (ou l’inverse?) (1)

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(billet publié sur crise dans les medias)

Ce billet est le premier d’une série de trois. Il part d’une interrogation: que peut bien faire un travailleur précaire ou un chômeur de longue durée de son temps libre? Déprimer, gamberger, se saouler ou devenir mystique malgré lui?

Je n’ai pas assez étudié la question, mais il semblerait que les mutations techniques nous conduisent vers une réduction du temps de travail. Ou tout du moins, une discontinuité du temps de travail. En clair, la précarité pour certains (par pour tous, rassurez-vous!) Lisez André Gorz, cet auteur qui a théorisé notamment la sortie du salariat.

Ce temps de travail discontinu, avec des périodes de chômage, de formation, des reconversions professionnelles, peuvent être éminemment fructueux. L’individu et son développement est au centre du travail. toutes ses capacités sont requises par un monde du travail qui exige toujours plus des individus.

Sans aller jusqu’à parler de mystique (le mot est trop fort), on peut toutefois affirmer que le travail sur soi, le développement de la personnalité, sont des clés de la réussite professionnelle. Les entreprises exigent des travailleurs, en plus de savoir faire et de compétences, un savoir être efficace.

Par conséquent, la psychologie, le développement de soi, sont devenus des préoccupations incontournables.

Et la mystique dans tout ça? poussé à son extrême, la recherche de soi conduit à la mystique. Vous avez sans doute dans votre entourage un étudiant monté en graine qui passe son temps dans sa salle de bain? Sans parler de ceux qui vivent devant leur écran d’ordianteur. Platon et Nietzsche est une voie choisie par d’autres. Les temps de chômage se meublent comme on peut: atteindre l’extase mystique est une façon de passer le temps…

A se demander si la précarité ne pousse pas vers la philosophie. L’étudiant attardé, devenu chercheur d’un emploi toujours plus diaphane, se lance à la poursuite du graal spirituel. Les guichets de l’ANPE ouvrent sur la caverne de platon.

Ils vivent dans le bois de Vincennes

Nicolas Voisin a promené sa caméra dans le bois de Vincennes. Il a rencontré des personnes qui y vivent à l’année. Il nous livre un premier extrait. D’autres vont suivre…

Comment pressuriser les chômeurs

Excellent billet chez Ronald.

Propriété intellectuelle, chômeurs et contribuables

Intéressant billet de Laurent Guerby qui décrit les ennuis de quelqu’un qui a créé un logiciel destiné à aider les chomeurs dans leur démarche de recherche d’emploi.

« Modernisation » du marché du travail : Précariser le travail pour sécuriser les profits

A lire, une étude sous-titrée « Précariser le travail pour sécuriser les profits ».

Elle a pour auteurs Mireille Bruyère, Thomas Coutrot et Florence Palpacuer, tous trois économistes et membres du Conseil scientifique d’Attac-France.

Ils indiquent clairement que, pour éliminer la précarisation du travail, il faut tout simplement mettre en place un tout autre système qui ne prendra pas pour objectif, la rentabilité financière pour les propriétaires du capital. Au contraire, il doit se fixer pour objectif fondamental, la satisfaction des besoins sociaux et écologiques. S’agissant, spécifiquement, du marché du travail, ils préconisent quatre types de dispositions visant à s’inscrire dans la démarche générale qui vient d’être évoquée.

A lire ici

Recherche scientifique française : peut-on partager la précarité ?

Un article signalé par Cyril. Voici la source originale.

La mise en cause de l’existence même du CNRS et de l’INSERM, ainsi que de l’actuel statut des chercheurs titulaires français, a amené de nombreuses réactions. Des mobilisations de scientifiques jugées faibles ont été parfois expliquées sur la base d’un absentéisme des chercheurs précaires, de plus en plus nombreux et avec de moins en moins d’espoir d’obtenir un jour un poste titulaire dans la recherche publique. On s’en prend alors au caractère « inégalitaire » de l’actuel statut des chercheurs, comme s’il était possible de partager la précarité. C’est ignorer l’historique réel du développement programmé de la précarité dans la recherche scientifique française. Notamment, le fait que cette politique a d’emblée été basée sur un rejet, par les milieux influents, de la stabilité d’emploi et de la relative indépendance que procure aux chercheurs titulaires le statut obtenu en 1983. En réalité, la précarité ne se partage pas : dès lors qu’on la laisse subsister, elle finit par se généraliser mais les précaires n’en retirent aucun bénéfice. Surtout, dans un contexte de délocalisation d’activités stratégiques et de rejet par les « décideurs » de la notion même d’indépendance des scientifiques.

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