Archives mensuelles : juin 2008

La faute de Pamina

(Zoridae)

En dessous de sa boule sombre de cheveux, elle confesse : « Je suis sous antidépresseurs depuis deux semaines et demi. Je vais mieux, remarquez. Au début, j’ai carrément été d’humeur suicidaire.

Je réponds :
– Attendez, Pamina, reprenez depuis le début. Vous avez reçu un recommandé au moins ? »

Mais la secrétaire n’arrive pas à me parler de ce qui s’est passé car c’est son avenir qu’elle voit en gros plan, menaçant :
« Au premier juillet je vais être SDF. Je vis dans un résidence hôtelière sociale. Il faut payer le loyer le premier du mois. Sinon on est mis dehors. Le 1er je ne pourrai pas payer.
– Mais il ne vous a pas donné d’indemnités ?
– Il me versera un mois, le mois de juillet. Il m’a dit que je ne méritais pas plus. Vous verriez les mails qu’il m’envoie depuis. C’est du harcèlement. Et des sms ! Il m’écrit des horreurs. Il m’a interdit de parler aux professeurs. Il évoque la liste interminable des griefs que ceux-ci ont, d’ailleurs, contre moi.

Elle frémit :
– Alors que jamais, jamais je ne me suis autant dévouée pour un emploi ! Parce qu’il n’y avait pas que l’accueil, le téléphone, les relances, les facture…. Le mercredi je surveillais les petits. Qu’ils ne se précipitent pas sur la route en sortant de leur cours d’éveil musical. Qu’ils repartent avec la bonne personne. Certains parents les laissaient à ma garde un peu avant le cours, des tout-petits !
– Bon, il va vous verser un mois en plus de votre salaire de juin, vous pourriez donc payer votre loyer ? Il ne faut pas perdre votre logement.
– Mais non, si je paye mon loyer je n’aurai pas de quoi manger. Je m’en sortais, péniblement, parce que le 15 du mois je demandais une avance. Imaginez, je gagnais, avec mon Contrat d’Avenir, 756 euros net par mois, pour 26 heures par semaine. Et mon loyer est de 580 euros. J’ai seulement 155 euros d’APL. Avec l’avance j’y arrivais. Mais là ce ne sera pas possible.
– Et vous ne m’aviez pas dit que vous aviez un frère sur Paris ? Il ne pourrait pas vous héberger le temps que vous retrouviez un emploi ?
– Oh non ! Je lui ai déjà demandé. Il n’a pas la place, il a énormément de frais, un crédit à rembourser, ses deux enfants qui font des études. Il ne pourra pas m’aider, malheureusement. »

Nous nous taisons.
Il y a quelques temps j’avais parlé en riant de Pamina et de ses sautes d’humeur avec Pinkerton, notre directeur. Il m’avait coupé en pavoisant :
« Son contrat se termine dans six mois. Dans six mois, elle est partie ! »
Depuis, je tergiversais. Fallait-il que je la prévienne afin qu’elle commence à chercher son futur emploi ?
Je craignais de la blesser, qu’elle ne me croie pas, que Pinkerton, si elle lui en parlait, nie et que les deux se retournent contre moi.

Finalement, Pinkerton, sans doute pour économiser ses salaires d’été, a décidé de ne pas attendre janvier pour se passer des services de Pamina. Il l’accuse de faute grave parce qu’elle s’est opposée à une mère d’élève qui agressait une remplaçante un peu paumée. La mère a décidé de ne pas réinscrire ses enfants à l’école l’année prochaine. Or elle rapportait 1500 euros par an. Voilà le prétexte qu’a saisi Pinkerton, au vol. Au début, il a voulu mettre Pamina à la porte comme ça, du jour au lendemain. Le 9 juin il a posté un recommandé de licenciement en même temps qu’il lui signifiait, par téléphone, une mise à pied. Le lendemain, il s’est ravisé et l’a autorisée à reprendre son poste jusqu’au 4 juillet, date des vacances de l’école. Pamina m’a fait ses adieux :
 » Je suis contente de vous avoir vue avant de partir. Comme ça je peux vous dire au revoir. Je vous aimais beaucoup. Alors… »

J’ai promis de l’aider… Mais comment ?

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Souffrance au travail: celle des autres, ça compte aussi

Un témoignage intéressant chez MC. Elle y raconte comment ce sont les conditions de travail difficiles de ses collègues qui l’ont rendue mal à l’aise. Extrait:

« A mesure que les conditions de travail se durcissaient pour mes collègues, mon appartenance à l’encadrement prenait le pas à leurs yeux sur mon rôle spécifique qui nécessitait confiance et confidentialité. C’est ainsi qu’un énorme conflit interne m’a presque complètement échappé. Des silences inopinés quand une porte s’ouvrait. Des absences diverses. Beaucoup, beaucoup de remplaçantes. Des regards, des phrases interrompues. Quand j’ai compris ce qui se passait, trop tard pour trouver une bonne solution. Celle que j’ai élaborée, sans en référer à ma chef, ne pouvait pas être acceptée par la hiérarchie. Et n’a pas vraiment arrangé les choses. Il y en avait sûrement d’autres. Meilleures? J’en doute. »

Lire le texte en entier.

Inflation et précarité : demandez le programme !

(Nicolas)

On apprend par la presse que le Gouvernement va augmenter le SMIC de 0,9%. A vos calculatrices ! Sachant que le SMIC net est à environ 1000 euros, à combien se monte l’augmentation de 0,9% ? Vous avez trois secondes.

Quelle est l’andouille qui a répondu 90 ? Non ! Il s’agit bien d’une augmentation de 9 euros. Si je compte bien, ça vous fait une augmentation de 30 centimes par jour pour nourrir les mômes.

Tiens ! Ce week-end, j’ai fait le plein de la voiture. J’ai battu mon record. Plus de 82 euros. Dans le temps, ça tournait vers 55€. C’était une anecdote personnelle pour personnifier le blog.

« Situation inédite depuis 1984-85, selon les experts, l’inflation a annulé tous les gains de pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier (SHBO) ». Je traduits : le pouvoir d’achat baisse.

Par la même dépêche, on apprend aussi que : « dans les entreprises de 10 salariés ou plus, le temps partiel progresse avec 84,3% de salariés à temps complet et 15,7% à temps partiel fin mars (contre 15,3% début 2006). »

Non seulement, la hausse des salaires horaires n’atteint pas l’inflation mais en plus de moins en moins de types travaillent à plein temps !

« Travailler plus pour gagner plus », qu’il disait. Notez le ridicule de la politique du gouvernement et de l’UMP qui s’évertue à casser les 35 heures ! Ils n’arrivent déjà pas à faire bosser tout le monde convenablement… et il faudrait que tout le monde fasse des heures supplémentaires.

« La part des salariés en CDD est elle aussi en hausse à 6,7% (6,2% début 2006). »

Hein ? Plus de temps partiels, plus de CDD. CQFD : la précarité s’installe. D’un côté, le gouvernement se félicite d’une baisse du chômage mais de l’autre, il oublie de rappeler, que le prix de cette baisse est une hausse de la précarité de ceux qui bossent.

Le 9ème Salon Emmaüs

120 groupes Emmaüs de France et d’Europe se mobilisent pour organiser le 9ème Salon Emmaüs en faveur de la Solidarité Internationale, dimanche 22 juin 2008.  Cette année les bénéfices iront à des actions menées autour de l’accès à trois droits fondamentaux que sont le logement, l’éducation, la santé. Ils financeront notamment la mutuelle Santé en Afrique et la mutuelle éducation en Amérique Latine.

Chiner Solidaire !
Tout en permettant d’acheter « utile » ou « ludique », ce Salon privilégie la rencontre entre les visiteurs et les acteurs du Mouvement Emmaüs. C’est en effet Le grand rendez-vous annuel des compagnons, amis, bénévoles et salariés d’Emmaüs, leur unique et formidable rassemblement qu’ils préparent depuis de nombreux mois. Ils proposeront ainsi le meilleur de leur récupération, cette activité qui fait vivre de leur travail des milliers de personnes en difficultés, accueillies chez Emmaüs.

source: Emmaüs

La souffrance au travail

L’intensification du travail est une cause de souffrance, explique Philippe Davezies, chercheur en médecine et santé du travail (Alternatives économiques).

« La souffrance au travail est toujours liée à un conflit entre la volonté de bien faire son travail, en accord avec certaines règles implicites de la profession, et une pression qui les pousse à négliger ces règles pour augmenter leur rentabilité ».

En intensifiant le travail, le manager contraint le salarié à faire plus de choses en moins. Et donc il l’oblige à se concentrer sur l’essentiel, et à délaisser un certain nombre de tâches moins importantes, mais jugées utiles. D’où un conflit entre le désir de bien faire son travail et le soucis de rentabilité. Ce conflit est source de souffrance.

La souffrance au travail concerne les personnes de façon inégale:

Les gens qui ne sont pas en parfaite possession de leurs moyens n’auront pas le courage de poser sur la table leurs difficultés, de peur d’être repris en main par la hiérarchie. Ils vont dissimuler leurs faiblesses, s’isoler, tenter de travailler plus pour tenir le coup et finir par craquer au bout d’un moment, parfois en allant jusqu’au suicide.

(source: AE)

Christophe Grébert, Conseiller du salarié dans les Hauts-de-Seine

Je reprends ici un billet de Christophe Grébert, le blogueur militant bien connu. Tout d’abord pour saluer son engagement. Et, plus généralement, pour vous éclairer sur cette fonction peu connue, et utile aux salariés en période de licenciement: le conseiller du salarié.

« Mon opinion est que patrons et salariés ne sont pas liés ad vitam eternam : la rupture de contrat doit être évidement possible… Mais il faut que cette rupture se fasse correctement, sans humiliation et en en compensant les conséquences morales, professionnelles et bien entendu financières.
Mon expérience, après un certain nombre d’entretiens, me fait grandement douter de la réforme récemment adoptée par le Parlement qui instaure une possibilité de rupture de contrat d’un commun accord entre un employeur et son salarié. Comment parvenir à un accord équilibré entre 2 parties qui ne sont franchement pas sur un pied d’égalité. »

André Gorz: penser le travail au XXIe siècle

En suivant ce lien, vous trouverez un compte-rendu de la conférence qui a eu lieu en mars 2008, quelques mois après le décès d’André Gorz. André Gorz, un auteur essentiel pour penser le travail, la sortie du salariat et la précarité.

Nous en parlerons bientôt plus longuement…

Journaliste en mode pigiste à Rennes

Payés à l’article écrit ou à la journée travaillée, les pigistes forment le plus gros de certaines rédactions. Dans le coin, difficile de savoir combien ils sont exactement. Ils travaillent souvent seuls, de chez eux. Ce vendredi, 75 journalistes se réunissent au TNB pour la deuxième édition de la journée des pigistes de l’Ouest. Focus sur cette profession méconnue avec Carole André, présidente de l’association Objectif plume, organisatrice de la journée.

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Pour le retrait du projet de loi sur l’«offre raisonnable d’emploi»

Des associations de chômeurs (MNCP, AC!, APEIS), des organisations syndicales et militantes (Solidaires, Attac, Stop Précarité, Droits devant, ACDC, Fondation Copernic…) organisent une réunion publique à Paris en vue d’une riposte.

Le gouvernement prépare un projet de loi qui veut imposer aux salariés au chômage une mesure inadmissible : ils seraient obligés, sous peine de perdre leur allocation, d’accepter une offre d’emploi dite «raisonnable» dès lors qu’elle proposerait une rémunération inférieure de 5% au salaire antérieur après 3 mois de chômage, inférieure de 15% après 6 mois ou, après un an de chômage, toute offre proposant un salaire supérieur à l’indemnisation (soit 57% du brut en moyenne, mais pouvant être inférieur dans le cas de l’allocation de solidarité spécifique de 14,74 € par jour).

Unanimement dénoncée par les syndicat, cette mesure vise à faire croire que les chômeurs seraient responsables de leur situation. Elle créerait, si elle était votée, une pression à la baisse sur les rémunérations de TOUS LES SALARIÉS. Enfin, le chômeur n’est plus libre du choix et des conditions de son emploi.

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La carte de France de la précarité

L’Express publie cette semaine une enquête sur « où il fait bon vivre en France ».

Sur le plan social, des disparités apparaissent sur le territoire français.

« Cette carte illustre la fracture sociale. Des poches de précarité aux extrémités nord et sud de la France, du Pas-de-Calais aux Pyrénées-Orientales. Des îlots de prospérité qui émergent çà et là, dans l’Ouest, en Rhône-Alpes et autour de Paris (Seine-Saint-Denis exceptée, qui pointe en 94e position). »