Pendant que les multinationales licencient pour accroitre leurs bénéfices… d’autres se pendent

Il y a quelques semaines, j’écrivais sur mon blog au sujet de la crise :

« Pas l’ombre d’une mesure contraignante, pas une goutte de remise en question profonde du système qui nous a « pondu » la « Crise du siècle ». Pas une miette d’excuses non plus pour ceux, qui assument, sans broncher, les conséquences de ce dont ils ne sont pas responsables. »

Hier, mon téléphone sonne. C’est ma mère. Un peu agacée par son second appel de la journée, je décroche avec l’intention de lui demander de me rappeler plus tard. Au bout du fil, elle pleure et bégaye quelques mots avant de m’expliquer, d’un ton assuré, que mon oncle s’est pendu en début d’après-midi. Dans sa lettre  d’adieu, tout ressemble à une réflexion à haute voix, à une série d’arguments qu’il semble avoir couchés sur le papier pour se persuader lui-même que l’issue fatale restait la meilleure.

En avril dernier, Alain est convonqué par son management. En raison de deux retards (45 kilomètres séparent le domicile du lieu de travail) et de son utilisation d’internet à des fins personnelles, on lui met un blâme. C’est le coup de sifflet de ce qui va devenir un harcèlement moral. En Juin, alors que je rends visite à ma famille, je discute avec mon oncle. Il m’explique que son management le noie de travail et de deadline impossible à respecter. A ses mots, je comprends qu’on veut le bazarder. Il est vieux (52 ans), nul en informatique et coûte cher (2700 euros net). Au retour de ses vacances, nouvelle convocation et nouveau blâme. Alain ne remplit pas ses objectifs et il est averti pour la seconde fois. A l’issue de la réunion, il s’énerve et monte le ton. Tous les gens autour de lui étaient des gosses quand il a démarré sa carrière dans la boite et ça, pour lui, ca ne passe pas. Le directeur du site lui dit verbalement qu’en raison de la crise, il doit dégraisser et qu’il fait parti de la liste des indésirables. Il enfoncera alors son poing dans la joue de ce gros con et sera licencié quelques jours plus tard. Alain n’a jamais été violent. Mais comme beaucoup dans la famille, il a un sens aigu de la justice et de la politesse. Quand il a compris qu’il était dans la nasse, il a préféré se faire justice immédiatement que prendre du cash. Courageux et compréhensible geste (de mon point de vue), il va néanmoins devenir le coup d’envoi d’une chute effrénée vers son malheureux sort. Dans les mois qui suivirent, 10 des ses collègues subiront le même sort… tous avec au moins plus de 10 ans d’ancienneté au sein de l’entreprise.

Alain a 10 frères et sœurs dont ma propre mère. Comme elle, il a arrêté l’école à 14 ans pour travailler dans la carrière à champignons du village. Comme deux autres de mes oncles, il entrera à la SNCF comme contrôleur pendant 5 ans. Une déception amoureuse plus tard, car Alain ne pouvant pas avoir d’enfants, il quittera la fonction publique pour rejoindre une fabrique de biscuit comme contrôleur qualité. Il y gravira des échelons, participera à de nombreux projets mais également à de nombreuses avancées sociales au sein de l’entreprise. De droite, Alain a toujours été proche de ses potes de la CGT, les manœuvres et autres employés au « packaging » qui font le sale boulot. Alain n’aime pas les injustices de classe…

Seul face à lui même, Alain va commencer par prendre un peu de recul. Il viendra même 2 jours me visiter à Prague avant de continuer vers Vienne. Il n’avait jamais voyagé si loin. Il passera le reste de l’été à entretenir sa palombière, cultiver son jardin et visiter la famille. Seul et célibataire de carrière, Alain avait une solide épargne d’environ 50 000 euros. Propriétaire d’une maison qu’il avait terminé de payer il y a  quelques années déjà, il vivait chichement, avec ses deux chiens dans une maison confortable de 90 mètres carrés à la campagne. Vraiment tout pour être heureux… Alain va vite comprendre qu’il est dans une impasse professionnelle. Le marché de l’emploi est maigre pour lui et puis il a perdu confiance en lui, s’isole et doit sûrement se poser des questions aussi existentielles qu’inutiles car comme beaucoup dans la famille, Alain a la déprime facile ! Le Ricard n’a jamais été une habitude de consommation, pourtant, il va commencer à partager sa richesse avec le groupe Pernod-Ricard. Alain semble sombrer tout à coup dans la néant aux yeux des siens… je suis loin, je ne comprends pas donc je ne juge pas. Régulièrement, et par habitude d’abord, je m’entretiens au téléphone avec lui. A chaque fois il « va bien » et a un discours tout à fait cohérent. Nous parlons politique, de la crise et de la situation de son ancienne entreprise. Une chose est certaine, Alain en a gros sur la patate, n’a pas vraiment de regrets dans le fond, mais sait qu’il s’est complique la tache en ne parvenant pas a casser la mâchoire du pingouin degraisseur. Ces derniers temps, Alain était invisible aux yeux de tous et injoignable la plupart du temps. Nous savons juste qu’il a effectué un court séjour dans les Pyrénées… dans le village où est né son père, et dans lequel Alain n’y avait jamais mis les pieds. Mon grand-père, lui-même, n’y étant jamais revenu, lorsqu’il l’a quitté à 5 ans en 1927.

Expliquer un suicide, même moi, Alain étant mon parrain, je ne peux pas, je ne veux pas… ce n’est pas possible. Je suis révolté, parce que même si je sais qu’il a toujours regretté de ne pas avoir mené une vie privée heureuse et accomplie, je sais aussi qu’il a tout donne dans son job.

Multinationale aux poches gavées, la crise comme prétexte, le harcèlement et des méthodes de management douteuses comme outils, elles licencient autant que possible en réorganisant soigneusement l’entreprise pour ne plus avoir besoin que de smicards interchangeables. Et en ce moment, des gens à employer au Smic… ce n’est pas ca qui manque. Jusqu’à quand allons nous laisser ces entreprises briser des familles, des vies ou des bassins d’emplois sans que l’on ne les punisse si durement qu’ils y réfléchissent a deux fois ? Oui je sais…

Il faut boycotter les entreprises qui n’ont plus d’activité de production sur notre territoire. Apres avoir usé les gens, profité de l’argent publique, qu’elles ne comptent pas sur moi pour les enrichir encore davantage. Moi c’est décide, je ne mangerai plus de biscuits **.

Donatien

63 réponses à “Pendant que les multinationales licencient pour accroitre leurs bénéfices… d’autres se pendent

  1. Je suis désolée pour toi, pour ta famille et pour nous tous, aussi. Parce que c’est une défaite pour nous tous : on se fait exploiter, jeter, voler, piller, et c’est tous seuls que nous devons affronter ça, chacun pour sa gueule et personne pour nous aider. Et on perd.
    Combien de temps? Combien de morts encore dans cette guerre totale contre les peuples avant que nous comprenions qu’il en va de notre survie et qu’il faut se battre, ensemble, pied à pied.

    Bises.

  2. Merci pour ce témoignage. Votre parrain est une nouvelle victime, une de plus, du « management » actuel…

  3. Que dire !
    Foz épi kourag !

  4. Dans ce moment difficile, juste ce message pour témoigner de mon soutien.

  5. Billet très juste . Je relaie.

  6. Sale coup…
    Sincères condoléances.

  7. Un travailleur précaire

    Je me demande si ce n’est pas ça le pire : nous faire intérioriser l’idée que sans l’entreprise, en dehors de l’entreprise… l’être humain ne valait plus rien.

    Réussir à nous faire croire à nous-mêmes qu’on ne vaut plus rien, et par sous-entendu que la vie ne valait plus le coût d’être vécu… c’est incroyable !

    Moi aussi j’y ai cru, et ça fait extrêmement mal de se rendre compte que ce n’est plus une entreprise, c’est devenu une machine violente et froide.

    Je crois que c’est vraiment une question de survie que de, au moins, se convaincre et d’être convaincu que notre vie, ce n’est pas une vie qui doit être soumise à son travail, à son entreprise. Que même si on en est exclu, on vaut plus que ça.

    Il faudra admettre (pour ceux qui ne veulent toujours pas encore l’admettre) que l’entreprise, ce n’est plus une bande d’amis, qu’il n’y a plus de reconnaissance, etc. Que c’est devenu un milieu hostile, en plus d’être souvent dangereux (depuis un certain temps) pour la santé…

  8. Sincères condoléances, je relaye également

  9. Le monde du travail est victime des méthodes actuelles de management. La rentabilité à tout prix, satisfaire les actionnaires…Quelles valeurs nous restent ils…Comment peux t’on penser que la valeur travail puisse encore signifier quelque chose…Le travail tue. Nous faisons fausse route, les gens font un travail qu’ils détestent pour la seule raison qu’ils doivent le faire. Le management la bien compris, et ne se lasse pas d’en tirer parti. Le système est poussé à l’extrême…
    Les gens doivent comprendre que le travail gagnera de la valeur quand il n’en aura plus…Tout est son contraire. Nous sommes nombreux a faire face au harcèlement de petits chefs, pression quotidienne, stress…Ces gens sont vides, leur réalité est abstraite. Ils sont entre le marteau et l’enclume. L’abstraction la plus réussi étant celle qui s’ignore, le schéma est le suivant: Je suis chef, le peu de pouvoir que l’on me donne, j’en use et en abuse car socialement, mon statu est envié et enviable… Je ne me remet jamais en question ou alors très peu. Il s’agit de vacuité auquel il est difficile de faire face.
    Mes condoléances pour ton oncle.

    Amicalement

  10. Le pire pour moi, c’est qu’Alain n’a certainement pas été licencié pour ce qu’il était, lui, en tant que personne? C’était juste qu’il arrivait dans l’âge où tu coûtes trop cher pour la boîte…
    Monde pourri.

    😐

    [Comment boycotter, tout vient de Chine ou d’Asie !].

    • Poireau,
      Dans ces boites, ou les prises de décisions sont diluées et disperses… il arrive qu’un jour, un mec avec un tableau exel devant les yeux, estime qu’il y a une possibilité de faire des économies sur cette ligne. Eh Hop, c’est parti… bonus pour celui qui en virera avec le moins d’argent etc. La machine est lancée et rien ne peut l’arrêter.

      Ni + ni – ! Et je parle bien de multinationale… que cela soit clair.

  11. Combien encore d’années ou de morts faudra-t-il avant de réaliser que le préambule de la Constitution de 1958 (qui affirme : « La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à son développement ») n’est plus respecté depuis longtemps! Que écrire « Tout travailleur participe par l’intermédiaire de ses délégués à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises » (préambule de 1958) sous entendait qu’on plaçait le citoyen en état d’infériorité et que les syndicats ne seraient pas autonomes et indépendants devant l’honneur qui leur était fait: traiter d’égal à égal avec les gouvernants ou les patrons. Personne n’a encore définit le travail, ni ne lui a donné un sens. Travaillons-nous pour le bien-être commun ou pour les actionnaires ?
    Je ne cherche pas la bagarre mais je souhaite que les citoyens ouvrent les yeux et réfléchissent. Ne pouvons nous exiger des juristes une définition du travail qui ne fasse pas référence à l’argent, car les mères de famille et des bénévoles travaillent eux aussi. Et exiger des politiciens qu’ils donnent un sens à l’effort commun. On peut aussi exiger que l’économie soit mis au service des vivants. Nous les avons élus, ils sont payés pour ça, il leur appartient de montrer qu’ils sont à la hauteur.
    Si non, nous devrons passer à la démocratie directe !

  12. On vit dans un système pourri, aux yeux de ces hyper-capitalistes plein de pouvoir le fric a plus de valeur que les vies humaines. C’est d’une tristesse infinie…
    C’est en versant une larme que je vous adresse mes plus sincères condoléances.
    + Une forte pensée pour les innombrables histoires similaires.

  13. Témoignage émouvant et fort et accablant pour cette société, pour ce système économique où les eaux glacées du calcul égoïste imposent la mort plutôt que la vie… et l’autre clown qui veut le moraliser ! Toute ma compassion va au souvenir d’Alain et à sa famille, à ses proches… Et pour compléter notre colère et l’attiser et l’empêcher de retomber et pour que le geste d’Alain ne soit pas vain, je recommande la lecture du roman : CADRES NOIRS de Pierre Lemaître chez Calman-Lévy,roman qu’Alain aurait pu écrire lui-même à partir de son vécu…

  14. pernot jean-yves

    l’entreprise a besoin de nous,nous n’avons pas besoin d’eux…Quand comprendrons nous celà?
    La liste des « suicidés » risque hélas de s’allonger dans les mois qui viennent,dans la plus grande indifférence,c’est désormais,en effet, »chacun sa merde »…de tout coeur avec vous,je suis moi même dans une situation peu enviable.

  15. « De droite »… encore un ch’ti soldat du capitalisme qui se croyait au-dessus des autres… « J’ai réussi tout seul moi, môssieur »… etc etc etc… Un gros naïf qui y a cru jusqu’au bout, avec sans un doute plus que des soupçons de mépris à l’égard de ses « salauds d’chômeurs »… non ?

    C’est bien triste pour ses proches, mais ce témoignage n’a aucune valeur d’exemplarité. Tout du moins dans le sens suggéré, celui d’une ènième victime du capitalisme fou… victime consentante, une de plus…

    • Je valide votre commentaire au nom de la liberté d’expression, mais trouve votre commentaire, Mr Moroco. Je n’ai rien suggère, j’ai juste écrit sur texte en réaction. Vous semblez trop intelligent et réfléchit pour l’avoir saisi. Mon oncle n’était pas un soldat de quoi que se soit, n’etait pas militant. Il etait de droite par culture… rien de plus.

      • La culture de droite chez les prolos ou les petites gens n’est qu’un simple mépris de classe mal placé qui signe mieux que ne saurait le faire toute autre affirmation péremptoire, leur soumission à l’autorité capitaliste. Ne pas avoir la lucidité suffisante pour le saisir est en effet faire preuve de bien peu d’intelligence… Je suppose que votre oncle a voté Sarkonzy en 2007 et fait parti de ces ouvriers et employés ou de cette pseudo classe moyenne qui s’imagine faire partie des privilégiés ?

        Il ne faut pas être grand clerc pour s’apercevoir que le choix du candidat sus cité devait en réalité concerner une frange marginale de la population de l’ordre de 15 à 20 % tout au plus. De quoi est composé les 30 % restant? Des gens comme votre oncle, qui ont cru au « travailler plus pour gagner plus », méprisent les intellos précaires justement (dont beaucoup sont issus des classes moyennes supérieures; retour du refoulé en quelque sorte…) et au final, continuent de se laisser exploiter quotidiennement sans broncher, jusqu’au point de rupture, la dépression et le suicide…

        Par ailleurs, compte tenu du drame qui vous frappe je peux comprendre que votre lucidité en soit affectée. Rien ne changera avant longtemps. Il y a trop d’Alain qui prêtent consciemment ou inconsciemment la main aux exactions de leurs propres bourreaux! Dans l’esprit cynique de ses dirigeants, il n’y a plus d’indemnités à verser, la morale capitaliste est sauve!

      • Vous parlez de ce que vous ne connaissez pas Mr Moroco. De plus, vous imaginez la droite comme un bloc idéologique sans nuances, sans courants et uniforme. Mon oncle a voter a droite par tradition, pas vous gagner plus en travaillant plus. Vous extrapolez cher ami…
        Je ne vous donne pas le droit du juger un homme, sur deux petits mots : De droite !

        Bien a vous…

      • Je ne me permets pas de juger votre oncle. Il s’agit seulement d’hypothèses de lecture qui peuvent toutefois être élargies à une portion bien plus vaste de la population française.

        Mais soit, « cher ami »… Une culture de droite quand on vient d’un milieu au mieux situé dans les classes moyennes, ça me laisse un peu pantois, alors s’agissant des prolos ou des ch’tis nouvriers… Issu d’un milieu plutôt favorisé (j’ « euphémise » à peine…), j’ai toujours eu du mal à comprendre comment il était possible que des gens bien moins choyés par le sort que je ne le suis, en viennent à voter contre leurs propres intérêts. Est-ce le produit de la naïveté ou de la bêtise ? Et pourtant ça marche. Cet électorat où la docilité et la cupidité vont souvent de paire est le terreau de la Droite !

      • Désolée ; Que dire si ce n ‘est que mon mari prépare « sa longue maladie  » pour partir avent le licenciment et profiter de la vie avent qu’on ne lui gache . C ‘est la dure réalité mais avent d’être trop vieux , quitte à faire payer la sécu « pour laquelle il a cotisé toutes ces années sans aucune maladie » il partira en soit disant maladie ou invalidité …. bref en retraite heureuse . Hé oui on en ai là !!!!

  16. Encore une preuve trop chère payée que plus grand chose ne fait sens dans le monde du travail.
    Le temps de l’émotion doit cesser

  17. Voyons, cher Monsieur Poireau, facile de boycoter tout ce qui vient de chine ou d’asie, habillez vous d’un BOUBOU, de n’importe qu’elle couleur, pas forcément bleu, comme Ségolène …

  18. Pingback: Retraites : le chômage explose, augmentons le temps de travail…

  19. Don, sois assuré de mon amitié.
    C’est Nicolas Hayek qui disait il y a 3 ans il faut sortir du capitalisme financier pour retrouver le capitalisme d’entreprise.
    Je n’adhère pas plus que toi à l’idéologie capitaliste mais il y a quand même beaucoup de bon sens dans cette intervention.
    Ton parrain est hélas le nième à succomber sous le rouleau compresseur du profit à tout prix
    J’ai encore un peu plus la nausée ce soir. Et une envie croissante de « détruire » des nuisibles …

    • Tout à fait d’accord avec vous, papa Hayek avait piqué une colère à la télé suisse, traitant les financiers de requins qui détruisent les entreprises.
      Et il y a toujours assez de sous-chefs dans les boites prêts à appliquer la mentalité de petits matons zélés pour diffuser la doctrine du  » si on ne licencie pas, on devra fermer bientôt « .
      L’ambiance du jeu des chaises musicales tous les 3 mois.

  20. Quelle tristesse, sincères condoléances et beaucoup de courage…

  21. Merci pour ce témoignage. Ce n’est qu’une coincidence mais j’ai aussi 52 ans.
    @la Grignette vous naive les boubous étaient autrefois tissé à Roubaix, aujourd’hui en Chine.
    @ Donatien un ouvrier chinois peut se pendre aussi.
    Ayux responsables du blog ; je me demande si votre billet sponsorisé Danone et Carrefour n’est pas déplacé.

  22. Toute ma sympathie, ce témoignage est bouleversant, révoltant aussi. En plus du drame social, il y a celui, intime, du suicide, qui apparaît si souvent incompréhensible et injuste. C’est encore plus dur de faire son deuil d’un proche, dans un cas pareil.

  23. total respect… rien à dire face à ça qui ne soit vide de sens et de raison… Je suis là, c’est tout.

  24. Il y a vraiment urgence à présenter l’addition… A tous les tenants de cette machine à détruire.

    Toutes mes condoléances pleines de colère

  25. Je compatis à votre douleur.

    J’ai quitté voici 3 ans une grande entreprise dans laquelle j’avais progressé jusqu’à être un manageur d’une équipe de cinquante ingénieurs (sans dentition propre à rayer le parquet, je crois) avant de tomber dans une sorte d’errance professionnelle interne à l’entreprise, errance de zombie qui a duré près d’un an.

    De cette expérience, je retiens plusieurs choses:
    – lorsque survient la chute dans le vide, il est difficile de communiquer ce qu’on ressent, ni avec ses collègues, ni même avec ses très proches. On essaie de faire bonne figure pour ne pas inquiéter ou juste par reliquat d’amour propre. Ce n’est que quelques années plus tard, alors que je communiquais des éléments de cette époque à mes proches qu’une de mes filles m’a dit « toi aussi, papa, tu aurais pu te suicider ». Je raconte çà, surtout, pour que vous et votre mère soyez dédouanés de tout sentiment de culpabilité.
    – on peut survivre à une telle expérience. Il faut trouver une ouverture et des gens pour vous aider à l’utiliser. Dans mon cas, l’ouverture fut de me permettre d’aller exercer mon métier dans un autre pays d’Europe (en tant qu’expert et sans management, pas une mission formidable, mais une mission quand même)dans un environnement culturel complètement différent qui m’a fourni un grand bol d’air. J’ai fait un certain nombre de sacrifices pour cela, mais il n’empêche que cela m’a redonné un minimum d’oxygène. La chute était stoppée. De retour forcé en métropole à la fin de cette mission, j’ai entrepris une procédure de négociation pour quitter l’entreprise qui avait failli me tuer. J’avais repris pied, j’étais apte à supporter la procédure de licenciement et le retour sur le marché du travail.

    In fine, le coupable, c’est le chômage. Dans un monde de plein emploi, les chefs dressés à faire de la performance en rayant le parquet et cassant de l’humain se retrouveraient tout seuls ou occuperaient leurs journées en rixes constantes avec leurs semblables. C’est pour çà que l’on peut juger que Nicolas Sarkozy a une part de responsabilité non négligeable dans tous ces suicides. En effet, par ces temps de chômage de masse, la défiscalisation des heures supplémentaires, par exemple, ainsi que les lois visant à favoriser le cumul emploi/retraite contribuent presque directement à ces suicides.

    Il y aurait d’autres choses à dire. Une autre fois peut-être.

    Bon courage à vous.

  26. w0of! très triste pour toi et ta famille , mais bravo pour récit qui nous mets face aux réalités palpables , pas vu à la télé…
    Patounes amicales

  27. Dur, ce récit; c’est le destin d’un homme.

  28. Je viens de lire le message retransmis par un blogeur sur mediapart, sincérmeent désolée, et toute mon amitié internaute. Le lien est là pour que vous puisiez lire les commentaires des mediapartiens. http://www.mediapart.fr/club/blog/jean-marie-padovani/030310/pendant-que-les-multinationales-licencient-pour-accroitre-leurs

  29. Sincères condoléances. Cette violence au travail est inacceptable. Cela ressemble à de la perversion!

  30. Courage à la famille et à toi Donatien !
    Adieu à Alain…

  31. Encore une victime du système presse-citron actuel, qui paye cash pour la cupidité de certains. Mais bordel, il aurait pu leur dire « fuck you » en se cassant et vivre un certain temps de son pécule puis de liquider son patrimoine avant de se foutre en l’air. au moins 2 ans de vie tranquille pour voir venir et surtout changer d’état d’esprit… ou pas.

  32. Désolé. Désolant.

    J’avais pensé à cela :

    « Des gens qui luttent ne se suicident pas »

    http://www.lepost.fr/article/2010/02/12/1938569_suicide-au-travail-une-nouvelle-piste_1_0_1.html

    …mais ce n’est pas si simple.

  33. Pourquoi ne citez vous pas l’entreprise en question ?
    N’est-ce pas une complaisance que de préserver leur anonymat ?
    Qu’on puisse au moins montrer du doigt les responsables de ce drame (il y en a bien d’autres, au sens large !)…

    Pensez-y, évaluez les éventuelles conséquences juridiques de publier leur nom sur votre blog – mais s’il n’y en a pas, ou qu’elles sont minimes, pourquoi se priver d’une saine réaction ?

    Frapper là où ça leur fait (un peu) mal…

    • Jon,

      J’ai reçu des tas de demandes de médias divers… vous imaginez bien que la prudence est de mise. D’ailleurs je parle de biscuits et de **… mais s’agit-il vraiment de cela… seul moi le sait 🙂

  34. Foutu chomage, triste réalité, il y aura combien d’oncles Alain dans les semaines à venir!! très touché par votre témoignage , je vous souhaite beaucoup de courage pour vous et vos proches……..

  35. Pingback: La Guadeloupe, c’est pas la France ? « Les coulisses de Sarkofrance

  36. Désolé, nous sommes tous désarmés face à un geste pareil et je comprends ton désarrois. Cela m’interpelle car je suis souvent passé devant cette biscuiterie. j’en ai senti souvent l’odeur mais celà fait bien longtemps que je n’ai plus ni acheté ni mangé de leurs biscuits.
    Face à la disparition d’une personne nous ne pouvons rien mais face à une multinationale tout peut être fait même si cela parait impossible.
    Nous sommes pour eux des brindilles mais nous sommes des brindilles qui pensent et ils ne peuvent tuer toutes les idées.

    Bon Courage.

  37. Mes sincères condoléances et courage à tous ceux qui restent. je relaye également

  38. Mes condoléances à toute la famille…

  39. Mes condoléances à toi et toute la famille, courage.
    Ce n’est pas la crise du système, c’est le système qui est la crise. Nous sommes le nombre, ils ont le pouvoir, arrêtons cette tyrannie d’une élite sur l’ensemble des Hommes et des Hommes sur la planète !

  40. Pingback: Retour de la vraie politique (dans leur face en plus) par la Grèce « Donjipez Words

  41. Je partage ta douleur.
    Mais aussi ta révolte

    Nous devons travailler, penser à la forme que nous pouvons donner à cette révolte justement pour épargner d’autres vies

  42. Je soutien cette famille, d’autant que ma propre soeur s’est donné la mort, il y a 2 ans et demi..

    Ses conditions de travail étaient insupportables et ont fait de sa vie un enfer.

    On a mis l’accent sur sa vie personnelle désastreuse plutôt que sur la façon dont « Carrefour » la traitait.

    Personnellement, j’ai toujours été convaincue que si ma soeur n’avait pas hérité d’un poste qui la mettait un peu au rebut..
    Elle avait 38ans et demi d’entreprise et toujours bien notée..
    On lui a accordé la mutation qu’elle demandait depuis tant d’années pour la mettre à un poste invivable…
    Cela a produit des dissensions dans le couple suivie d’une rupture.

    le plus grave est que dans ma famille, on a accusé le mari d’avoir tué ma soeur.. mais on est de droite et surtout la valeur travail, entreprise et obéissance à la mère patrie est tellement mise au-dessus de tout que Carrefour n’est responsable de rien.

  43. Cela ne cessera donc jamais…

    1997, mon père, cadre supérieur qui n’a jamais ménagé sa peine (pas de week-end, pas de vacances… 12h de travail par jour…) s’est fait licencier à 50 ans, après 20 ans de bons et loyaux services parce qu’il « coûtait trop cher » à une boîte qui pourtant était largement bénéficiaire…

    Le choc l’a mis à terre… cancer… dépression… alcoolisme… jusqu’à ce qu’il baisse une dernière fois les bras en 2004.

    Il nous avait appris que dans la vie il faut bosser dur, tout donner à son entreprise. il était un homme fier « d’entretenir sa famille », de cette génération où on se fait un point d’honneur à apporter le confort matériel aux siens…

    « Travailler plus pour gagner plus »… des foutaises !!! Travailler plus pour se faire exploiter, presser comme un citron, et se faire jeter comme un mouchoir usé à la fin !!!

    Et tout cela pour quoi ? Pour que certains consomment à outrance pendant que d’autres leur tondent la laine sur le dos et agrandissent leurs bas de laine et leur pouvoir…

    Jolie société que la nôtre…

  44. Toutes mes condoléances et mon soutien à ta famille et à toi.

  45. Salut,

    Condoléances et navré de ce qui arrive à ta famille.

    Ce qui est aussi amusant c’est de voir que finalement ce genre de comportement d’entreprise est typiquement une projection directe du comportement humain et de ce qu’il y a de plus mauvais en nous.

    Un peu comme l’intervention de moroco qui se permet un jugement à l’emporte pièce et qui oublie aussi de préciser que face à Sarko il restait le spectre de l’extrême droite et une gauche au fond du gouffre, que des gens ont cru à ses promesses et qu’on sait que n’est pas seulement ce même peuple (même si il est responsable) qui à conduit la France là où elle est aujourd’hui.

    Le vote n’est pas démocratique, c’est un outil de manipulation pour légitimer un gouvernement qui va servir ses propres intérêts et ceux d’une minorité en s’assurant que le peuple ne « déborde pas trop ». Par ce que je but c’est bien de gouverner et veiller à ce que nous pauvre idiots culpabilisé, ignoré, méprisé, restions sous contrôle.

    Concernant le chômage, je conseille de regarder les reportages de Pierres Carles même si ça date un peu et que c’est assez orienté, c’est toujours édifiant.

    Ha ça fait du bien de m’exprimer, pour peu je vais finir par mettre du contenu sur mon blog, le courage me faisant défault ^^

    Bonne soirée.

  46. Je ne suis pas surpris de ces méthodes de voyou pour degraisser dans les entreprises
    Si je peu vous apporter un conseil vécu en fonction de votre poste dans la société est de collecter en amont toutes preuves qui pourraientt nuire a la societe… comptabilitée , transaction douteuses etc …ce qui vous permetra de négocier a arme égalle le jour J …Je sais ce que je parle pour l avoir vécu

  47. L’administration elle-même, pourtant chargée de veiller au respect de la loi et des personnes, pratique ce mépris dans la plus grande indifférence de ceux qui y assistent. Cette logique mortifère n’est donc pas prête de s’arrêter.

  48. on a détruit la notion de « patrie », de nation, maintenant vous n’étes plus que des usagers de lands, terre d’usagers bon a jeter, interchangeables; plus rien ne vous lie avec cette force que pouvait avoir historiquement l’idée de nation: on vous a dit que c mal, c vilain, et voilà où nous en sommes: démunis face à ces groupes de prédateurs, qui pour le coup eux, n’en ont rien à fiche du pays! le seul pays qu’ils connaissent c celui de l’argent.

  49. ajoutons que c’est un véritable SCANDALE que ces hommes politiques aient ouvert grand la porte à la concurrence chinoise et indienne sans AUCUNE protection! je vous dis pas l’argent que doivent rentrer en douce un certain nombre d’importateurs!

    c un véritable scandale et le sul à dénoncer cela est Allais, prix nobel d’économie, auquel on ne demande, évidemment jammais son avis!

    tous ces idiots braillant la mêm liatnie: ou! le protectionisme c mal! mais oui c çà va te coucher! concurrence entre oppays de même niveau OK, mais ce type de concurrence n’en est pas çà c de la prédation. et on ne devrait plus voter pour des gens qui nous ont mené là.

  50. je fais un croisement de liens (celui-là ici et le vôtre là-bas), tant les deux drames sont connexes, proches : http://paysanheureux.canalblog.com/archives/2010/03/08/17170883.html … pensées, courage.

  51. Pingback: Top Wikio Emploi « Equilibre précaire

  52. Voilà une fois de plus, un exemple qui illustrent les conséquences dramatiques du libéralisme sauvage, d’un capitalisme effréné. LA (pseudo)solution serait-elle alors devenu le problème? Appât du gain oui…répartition des richesses…sûrement pas. Vieille question, mais osons tout de même l’interrogation… Le monarque défenderait-ils les mêmes intérêts que ceux du peuple? Il semblerait que oui, puisque le monarque n’a cessé de le déclarer, caméras à l’appui ( toujours!).

    Bien sûr ce témoignage touche. Et vite il convient de s’interroger sur le processus tout entier qui conduit à cela.
    Et Mr Moroco à mon sens à toucher au point sensible et apporte des éléments de réponses! « Docilité et Cupidité », « en venir à voter contre ses propres intérêts ». Peur de la désobéissance? Soumission totale à l’autorité, ou aux puissants économiquement? où est la place de l’individu dans tout ça? Que fait-on de sa condition d’homme libre? Mais la machine infernale est en route depuis belle lurette! Elle s’active un peu plus chaque jour, sans que personne ne dise rien. Déposéder les individus de leurs moyens de protestations afin de les rendres plus docile…et voilà la mort programé de l’HOMME!

  53. Pingback: Les coulisses de Sarkofrance Confidences d'un blogueur antisarkozyste à la retraite, auteur de Sarkofrance (2007-2012)

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